La phobie du Chirurgien-Dentiste est un problème sérieux, qui touche toutes les couches de la population, quel que soit l'âge, le sexe ou le milieu social. Il s'agit d'une vraie maladie qui porte le nom de "stomatophobie". Cette phobie, qui est plus ou moins marquée selon les individus, conduit souvent à négliger les soins bucco-dentaires et représente, indirectement, une proportion importante des troubles et pathologies rencontrés habituellement en bouche.
En effet, les patients atteints de stomatophobie, vivant une sorte d'enfer émotionnel, préfèrent s'automédiquer ou supporter de terribles douleurs dentaires, plutôt que se faire soigner.
Origines de la stomatophobie
Très souvent, des expériences mal vécues appartenant au passé et notamment à l'enfance, l'inconscient collectif négatif à l'égard des soins dentaires (répulsion caricaturale vis-à-vis du dentiste), les images véhiculées par l'entourage proche ou par les médias, contribuent à la naissance et au développement de la dérive phobique.
Ce sont les sentiments de détresse et d'angoisse qui raniment, de manière incontrôlée, les symptômes phobiques. Bien que la peur d'avoir mal durant le soin soit la principale cause aux comportements phobiques, de simples stimulations comme le bruit de la roulette, l'odeur caractéristique de certains produits, la vue de la piqûre, une ambiance pesante, une fatigue chronique, peuvent renforcer les symptômes liés à cette peur.
Signes de la stomatophobie
Les signes les plus couramment observés sont les suivants :
- Anxiété aiguë par rapport aux soins dentaires, dont la personne est parfaitement consciente (ex : état d'angoisse à l'approche d'une visite chez le dentiste, avec le sentiment de ne plus contrôler ses émotions.).
- Altération anormale de l'état bucco-dentaire.
- Perturbations physiques pouvant être déclenchées par la simple pensée ou après une stimulation sensorielle quelconque (ex : simple vue des équipements du cabinet dentaire), comme par exemple :
- mains moites.
- accélération du rythme cardiaque et de la respiration.
- bouche sèche.
- nausées.
- vomissements.
- sueurs.
- sensation de gorge nouée.
- sensation de crampes au niveau du ventre.
- pleurs.
- crise de panique.
- crise de spasmophilie.
- perte de connaissance.
Ces signes peuvent susciter des comportements hors normes comme par exemple : annuler systématiquement les rendez-vous pris chez le dentiste, fuir de la salle d'attente juste avant son tour, descendre du fauteuil et interrompre le soin alors même que l'anesthésie a été effectuée et qu'elle se montre efficace, préférer souffrir en silence plutôt que bénéficier de soins dentaires qui soulagent, chercher à s'automédiquer en permanence, etc.
Conséquences directes de la stomatophobie
Il ne faut pas confondre crainte du dentiste et phobie du dentiste. La crainte du dentiste peut être compréhensible, car la cavité buccale est parfois le siège de violentes douleurs, mais cette crainte n'empêche pas de se rendre à un rendez-vous chez le dentiste ; la phobie du dentiste, quant à elle, aboutit à une négligence chronique incontrôlable, car la séance chez le dentiste est perçue comme une épreuve absolument insurmontable, empêchant toute prise de rendez-vous. La personne souffrant de ce type de phobie est consciente de sa faiblesse, se sent hautement vulnérable et a un sentiment d'impuissance, voire de culpabilité face à cette perte de contrôle de soi.
Ce handicap pénalise véritablement la victime de tels troubles, à bien des égards : impuissante, elle est condamnée à laisser son état bucco-dentaire se dégrader au fil du temps par manque de soins. Ainsi, des conséquences diverses et variées, directes ou indirectes, peuvent voir le jour tant localement qu'au niveau de l'organisme tout entier : caries multiples, maladie parodontale, halitose, perte de dents, troubles occlusaux, infections sévères, troubles cardiaques, etc. Certains de ces troubles affectent des fonctions élémentaires comme la mastication, la déglutition, l'élocution et sont responsables d'une dégradation progressive de l'esthétique du sourire. Secondairement, la personne souffrant de tels troubles, est victime de l'impact psychologique que ces troubles induisent au quotidien : impossibilité de sourire ou de parler par apparition progressive d'un complexe à découvrir ses dents, perte de l'estime de soi, problèmes d'intégration sociale (domaines professionnel, familial, amical, affectif, etc.), peur accrue de consulter un dentiste car le sentiment de honte est prédominant et la peur des reproches est déstabilisatrice.
La phobie du dentiste, bien qu'irrationnelle de nos jours, est à l'origine de conséquences directes parfois désastreuses, elles mêmes à l'origine de conséquences indirectes non moins désastreuses. Il s'agit donc là d'un véritable problème de santé publique.
Traitement de la stomatophobie
Essayer de raisonner une personne souffrant de stomatophobie semble illusoire et peine perdue. Il est, en effet, difficile de trouver les bons arguments pour convaincre une personne victime psychologiquement de causes irrationnelles et insister dans cette voie pourrait conduire à un blocage définitif.
Un suivi thérapeutique peut apporter un début de solution pour surmonter ce problème. L'aide d'un psychologue, d'un psychiatre, ou même d'une personne du proche entourage peut s'avérer fructueuse dans certains cas, mais le résultat n'est pas garanti.
Une autre piste consiste à recourir à différents traitements. Ainsi, anxiolytiques pris juste avant un rendez-vous, sophrologie, relaxation, hypnose, acupuncture, sont autant de moyens qui pourront soulager les symptômes chez certains patients.
L'anesthésie générale représente, aux yeux des patients souffrant de stomatophobie, la solution de choix pour éviter d'avoir à subir, de manière consciente, la terrible épreuve d'une séance chez le dentiste, mais ce n'est pas la panacée - en réalité, c'est un pis aller. En effet, à part les extractions dentaires, la plupart des actes de dentisterie moderne sont purement et simplement irréalisables techniquement sous anesthésie générale. De plus, on ne peut passer sous silence les risques vitaux liés à ce type d'anesthésie, même s'ils représentent une infime proportion des cas traités d'un point de vue statistique.
Comme souvent, le véritable remède à ces problèmes se trouve probablement à la source de ces problèmes : sur le lieu même qui a donné naissance à la stomatophobie, c'est à dire, dans l'enceinte du cabinet dentaire. Il faut choisir un praticien avec lequel le courant passe, un praticien en qui l'on a confiance, qui saura faire preuve de patience, de compréhension et d'écoute, qui aménagera son cabinet de telle sorte qu'il soit accueillant, loin des vieux clichés de salle de torture qui hantent l'esprit de certains, qui prendra son temps pour bien expliquer son plan de traitement, qui n'hésitera pas à faire des pauses durant les soins et qui affichera une certaine assurance.
Par expérience, il semble que le moyen le plus efficace de tous, qui déclenche une prise de conscience immédiate suivie d'une démarche active, soit la lecture des retours d'expériences positives de nombreuses personnes souffrant du même mal handicapant, qui ont réussi à franchir le pas en se rendant dans tel ou tel cabinet dentaire. A l'heure des réseaux sociaux, la communauté des patients stomatophobiques a finalement trouvé, toute seule, un moyen radical d'entraide, via les forums ou les publications d'avis, pour lutter intelligemment contre cette peur paralysante et nous ne pouvons que nous en féliciter.
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Des locaux disposant d'une décoration soignée, ne manifestant aucune espèce d'agressivité visuelle ou olfactive, des photos qui défilent en boucle au plafond pendant la séance de soins, une musique d'ambiance douce et un personnel soignant attentif, compréhensif et efficace, voilà certainement les ingrédients de la combinaison gagnante qui permettra dans un avenir proche de classer la stomatophobie dans la catégorie des pathologies d'une autre époque. |